Le Syndicat National des Entreprises du Bâtiment et des Travaux Publics (SNBTP) du Sénégal a tenu une table ronde, le jeudi 28 novembre 2024 à la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD). Les échanges ont porté sur la préférence nationale et la réforme de la commande publique. Dans ce sens, des recommandations ont été émises pour le rayonnement du secteur privé national.
Le président du SNBTP, Abdel Kader Ndiaye, souhaite la mise en place d’un cadre de concertation formalisé et structuré regroupant les autorités et les chefs d’entreprise. D’après lui, la réalisation de l’Agenda Sénégal 2050 dépend grandement de son appropriation par le secteur privé. La formation et l’employabilité des jeunes et des femmes sont également des priorités.
Dans l’optique d’asseoir la préférence nationale, M. Ndiaye trouve qu’il urge de définir le statut de l’entreprise nationale. Selon lui, les irrégularités mises en lumière par les derniers rapports des corps de contrôle prouvent à suffisance l’urgence de se pencher sur les réformes de la commande publique. Aux entreprises, le président de la SNBTP conseille de créer des consortiums pour être compétitives et augmenter leurs chances de gagner des parts de marché. Il les appelle à intégrer, dans leurs activités, un programme de mise à niveau et de renforcement de capacités de la base vers le sommet.
Ne plus se contenter de la sous-traitance
Dans la même veine, le président du Syndicat Professionnel des Entrepreneurs du Bâtiment et des Travaux Publics du Sénégal (SPEBTPS), Omar Ndir propose de définir un quota destiné aux entreprises nationales dans la réalisation des grands projets. Il est en faveur de la révision du contenu local pour le rendre plus avantageux au secteur privé. La création, poursuit-il, d’un fonds de soutien aux PME-PMI du BTP pour les rendre éligibles aux appels d’offres, est également une nécessité. Pour faire de la préférence nationale une réalité tangible, M. Ndir est favorable au renforcement du cadre juridique pour protéger les acteurs locaux.
A sa suite, le président de la Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal (CNES), Adama Lam a invité les deux syndicats à travailler en synergie afin d’éviter l’émiettement, source de faiblesse. Rappelant son appartenance à la famille du BTP, M. Lam a souligné le paradoxe que constitue le recours à l’expertise étrangère alors que depuis son accession à l’indépendance, notre pays a très tôt compté des ingénieurs dans tous les segments du secteur. Pour lui, l’heure de la reconquête des marchés a sonné. Il considère que les entreprises nationales ne peuvent plus se contenter d’être des sous-traitants dans la commande publique.
Affiner la stratégie gouvernementale
Par ailleurs, le président de la CNES demande aux autorités de régler le problème lié aux retards de paiement après l’exécution d’une commande donnée. S’adressant aux opérateurs économiques, M. Lam a insisté sur la nécessité de mettre à jour le catalogue national renseignant sur les qualifications et la classification. Il est également revenu sur le respect des contrats et le choix des matériaux de construction.
Venu représenter le ministre des Infrastructures et des Transports Terrestres et Aériens, le directeur des infrastructures, Pape Omar Diagne a réaffirmé le rôle crucial du secteur privé dans la réalisation de l’Agenda 2050. La mise en place d’infrastructures est un important levier pour la création d’emplois et l’amélioration du cadre de vie. Pour y parvenir, M. Diagne estime qu’il faut un secteur privé fort, dynamique et innovant. Il assure que le gouvernement entend veiller à l’intégration de la préférence nationale dans la commande publique. Dans le même sens, la promotion des compétences nationales doit être facilitée par le respect des normes de qualité. Le représentant du ministre a indiqué que le gouvernement va s’appuyer sur les propositions et recommandations émises pour affiner sa stratégie.